ADIOS

Adieu, sidecar, adieu...
Il est très, très difficile de résumer en quelques lignes 14 ans d’expériences dans un monde complètement différent de notre routine habituelle.
Quand Rosa et moi avons acheté notre premier side-car en 2009, deux ans après l’accident de trafic qui m’a coûté une jambe et presque la vie, nous ne savions pas si ce serait une expérience de deux mois ou deux ans. Acheter un trois-roues sans même pouvoir le tester... Il fallait d’abord l’adapter à mon handicap. Mais, bientôt nous nous "sommes accrochés" à ses particularités et caractéristiques et à voyager en France car en Espagne, il est littéralement impossible de rouler avec lui, ne pouvant pas rassembler un minimum d’équipes pour organiser des sorties en circuit. Bien que nous essayons par tous les moyens de promouvoir les sidecares de compétition: en les publiant sur les réseaux sociaux, en assistant à des foires, des salons et des événements automobiles, en donnant des cours magistraux dans les écoles de mécanique de compétition, en organisant des roulages et des baptêmes avec l’aide inestimable de nos amis français, nous avons à peine réussi à attirer une paire de machines qui ont changé de mains et nous ont accompagnés un temps pour ensuite perdre de la continuité. Après quelques années d’amusement, en juin 2012 un “tonneau” causé par une erreur de pilotage dans un roulage, nous a donné une frayeur terrifiante et nous a forcés à faire une reconstruction en profondeur de notre machine. Loin de se décourager, Rosa s’est motivée et m’a demandé de participer à des compétitions. Bien que j’ai essayé de la dissuader, elle a insisté et avoir le nouveau side-car révisé et ajusté était le moment idéal pour le faire. En 2013, nous avons commencé la compétition. Bien qu’il y ait eu des championnats plus fáciles, nous avons choisi le "top": le France SBK.
Les débuts ont été très difficiles, avec beaucoup d’efforts pour faire les temps minimum pour être sur la grille de départ. Au premier rendez-vous sur le circuit de Dijon à 900 km de chez nous, dans la course de samedi nous n’avons pas réussi. Sur un circuit inconnu, très rapide et avec de nombreuses courbes aveugles (en side-car, vos yeux sont très bas), il est très difficile de réaliser un temps inférieur au 120% de la moyenne des trois premiers. Même si à chaque entraînement du vendredi et du samedi nous nous améliorions un peu, il nous manquait 4 centièmes de seconde (ou un entraînement de plus). Bien que nous ait été la nouvelle recrue du championnat, Estelle Leblond, alors déléguée des pilotes elle a plaidé pour nous auprès de la Fédération française de sa propre initiative, mais la Fede n’a pas cédé. Lors des entraînements de dimanche en revanche, nous avons réussi à accéder à la compétition puisqu’il nous restait une seconde et demie pour le faire. Cependant, il y a à peine un an, nous apprenons qu’il y a eu un pacte de “non-agression" le dimanche entre les trois premiers... alors pour ne pas nous compliquer le classement...! Neuf ans plus tard... Merci beaucoup! Ce fait, est une petite montrer du bon fair play qu’il y a dans ce championnat.
Peu à peu, nous avon apprise, évolué, nous sommes passés à un sidecar plus moderne en 2016, nous avons eu des frayeurs, des joies, des accidents, plusieurs fractures et blessures pour Rosa, des classements plus que honorables pour nos moyens et budget: plusieurs 6e places à plusieurs reprises à FSBK et plusieurs podiums dans les courses du Championnat Promo, y compris deux victoires. Nouveau changement de side-car fin 2020, rendu nécessaire par le changement de règlement interdisant les sidecares F1 à moteur 1000cc en faveur des F600 homologués pour le Championnat du Monde. Au début de 2021, Rosa est tombée sur Nogaro en se fracturant une clavicule, j’ai donc dû faire appel à trois passagers suppléants pour les courses suivantes car je n’en ai trouvé aucun disponible pour toutes les courses. Malgré les changements de copilote et une machine avec 70-80 chevaux de moins, j’ai amélioré mon temps sur plusieurs circuits. Cet hiver, Rosa a dû se faire opérer d’une ancient blessure à sa jambe qui lui causait une grave et douloureuse usure osseuse du pied. Bien qu’elle récupère correctement, il est plus lent que prévu ce qui m’a obligé à nouveau besoin d’un autre passager. En dépit de l’amélioration de mon temps dans les deux dernières courses, deux chutes de celui-ci, sans conséquences graves heureusement, m’ont totalement démotivé.
Parfois, en traversant la France pendant de longues heures, avec Rosa endormie à mes côtés, me venait à l’esprit la célèbre phrase du roi Philippe II: "Je n’ai pas envoyé mes vaisseaux combattre les éléments", surtout quand les problèmes électriques, mécaniques, techniques, administratives, sportives... nous avons été harcelés sans pitié. Parfois, je me suis senti seul... très seul. Mais la magnifique ambiance des Paddocks de sidecares, tant dans les "apéros sidecaristas" comme dans les roulages, les essais et les courses, la solidarité, l’amitié, l’affection et le respect que nous ont montré tous nos copains et rivaux, nous a gardés dans la brèche. Sur la piste, le comportement bizarre d’un trois roues et la fusion avec votre copilote rend indescriptible l’excitation qui vous envahit après avoir fait une bonne course ou améliorer vos chronos.
Considérant que j’aime piloter avec Rosa à mes côtés et qu’il lui reste encore plusieurs mois pour récupérer, le fait que les moteurs 600cc nécessitent un entretien très élevé, (merci à Daniel Lamargue que j’ai roule 2021-22) que tous les coûts: essence, gasoil, pneus, inscriptions, équipement, ont explosé cette année et qu’il y a des rumeurs d’un nouveau changement de règlement concernant les moteurs, nous avons décidé avec beaucoup de peine Rosa et moi, mettre fin à notre passe-temps. Mis en vente, il est sorti de notre garage le 26 mai dernier, notre troisième et dernier side-car, le meilleur que nous avons eu et que nous n’avions pas encore exploité tout son potentiel. Dommage que ce soit...
Tout d’abord, Rosa et moi devons remercier ceux qui nous ont aidés à évoluer et à maintenir notre side-car qui sont nombreux et il est impossible de les mentionner tous, mais en particulier Jean Marie Marzelle et Odile Pietu, sans lesquels nous ne serions pas arrivés jusqu’ici. Aussi les amis espagnols que Rosa et moi avons "empoisonné" avec notre pasion et qui nous ont accompagnés, encouragés et aidés dans de nombreuses courses comme: Josep Pla, Pablo Martin, Mikel Vega, Eric Durán, Quim Fenoy, Jhonny Rico, Tonho Medan, Jorge Valenciano... Ainsi que tous ceux qui nous ont suivi et encouragé sur les réseaux sociaux.
J’ai mal au ventre quand je pense que je ne piloterai plus un Sidecar Racing... Dans le cas improbable où quelqu’un m’en prêterait un, je devrais avoir un change de vitesses automatique...
Maintenant, notre garage est vide, il faudra "passer le duel", tourner la page et commencer un autre défi...
Rosa Orta et Leandro Rey

Voilà un "adieu"un peu triste!!!mais les paddocks et ceux qui le peuplent restent toujours ouverts pour un p'tit coucou ou un passage amicale,juste pour garder le lien d'une bonne partie de votre vie.
Je vous souhaite une bonne continuation et vous dire que j'ai été très heureux de partager cette belle aventure avec vous.Dommage que nous n'ayons pas réussi à implanter le side en Espagne,patrie des sports mécaniques.
Peut etre que nous obtiendrons une reconnaissance en Espagne avec Kim et donc nous avons besoin de vous pour cela.Votre mission n'est donc pas finie!!
Encore un grand bravo pour votre parcours semé parfois d'embuches mais surtout jalonné le plus souvent de belles choses.
Au plaisir de vous retrouver et en attendant je vous transmets avec le TERCA toutes nos amitiés.
Et comme dit un certain Leandro:......je vous souhaite beaucoup de merde!!!!!!!
JMM et tout le TERCA

     
Grand, grand merci a tout le TERCA et a toute la famille sidecariste.